Paris, le 9 mai 1975.
Monsieur,
C'est avec un très vif intérêt que j'ai lu votre "Requiem". Ce petit requiem qui me rappelle la petite espérance de Péguy m'a vivement impressionnée et je serai extrêmement heureuse s'il vous était possible de m'en envoyer une copie. Mais que cette demande ne vous cause aucun souci. N'y répondez que dans la mesure du possible et avec mes félicitations (mais que ces mots sonnent mal devant ces pages si profondément accordées à leur objet).
Croyez en ma sincère sympathie.
Commentaires de Henri Godet, neveu du compositeur:
1) Compositeur, pédagogue, organiste…, Nadia Boulanger était -entre autres- maître de chapelle du prince de Monaco, d'où une des raisons de sa présence dans le jury du concours.
"Elle s'est attachée à servir la cause de nombreux musiciens souvent méconnus" (Dictionnaire de la musique Bordas).
2) Renseignements plus rares, trouvés dans une interview donnée par François Michel, un pianiste français, ancien disciple de Nadia Boulanger: "Tous les 15 mars, et jusqu'à sa mort, Nadia recommençait (la) cérémonie funèbre en l'honneur de sa mère et de sa sœur. Elle était très attentive aux choses funèbres…" (…). "Elle avait un admirable obituaire… Ma mère est morte un 22 octobre; eh bien! tous les 22 octobre, je recevais une lettre de condoléance de Nadia… Elle avait la date de décès des mères de tout le monde. Jamais des pères, c'est drôle" (…). "Cela dit, elle vouait un culte immense à Stravinsky…".
Un requiem, bien écrit, dans l'esprit de Stravinsky: l'oeuvre avait décidément tout pour séduire Nadia Boulanger…
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